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T'aimer deux fois

Publié le par Philippe Latger

Qu'il est bon de t'écrire aussi tard que l'on puisse.
De chercher tous les mots dans le poil de tes cuisses.
Avec ta permission, me perdre, vil ou ferme,
dans tes jambes, à ton cou, à ton col, en ces termes,
qui fusent en espérant la forme du plaisir,
à ce qui veut gémir, que j'ai laissé gésir
dans les draps alanguis aspergés de semence,
pour prolonger ici la fièvre et la démence.
Qu'il est bon de mourir aussi fort que l'on veut,
de trouver le repos à tes membres nerveux,
à l'odeur de ta peau qu'il me reste à décrire,
à tes lèvres charnues qui s'étirent pour rire,
à ce corps aux mains nues qui m'arrache à l'instant
au moment de penser, de remonter le temps,
le passé ne l'est pas pour peu que l'on s'y attarde.
Qu'il est bon d'y rester et d'y baisser la garde,
lorsque c'est avec toi, qui ne m'a pas quitté,
qui brûle sous mes doigts qui n'ont rien inventé.
C'est le bonheur deux fois. Le tenu, le livré.
Le vécu, le rêvé. Le réel et le vrai.
L'après, l'encore après. Aussi fort qu'il put l'être.
Que je masturbe encore à l'encre de mes lettres.
La mémoire du corps qui poursuit la jouissance,
continue son sillon, magnifie ses outrances,
transpire l'impression que je voudrais saisir,
l'exquise frustration à ce nouveau désir
d'expliquer ou fixer ce qui m'a échappé,
ou ne peut s'allonger qu'à ces lignes frappées
pour marteler ta bouche, sculpter cils et paupières
que je vois battre encore dans le ciel et la pierre,
qui battent ici-même au moment de le lire.
Tes yeux viennent le faire et dénouent le délire,
à l'idée des miroirs qui peuvent refléter
autant d'infinités que toute l'éternité.
Qu'il est bon de rester et de baisser la garde.
Le passé ne l'est plus pour peu que l'on s'y attarde,
dans les mots qu'il me faut pour rester avec toi,
me permettent de vivre et de t'aimer deux fois.

Philippe Latger

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